Les grandes vacances s'achèvent et la principale inquiétude liée au virus H1N1 dont discutent les Français, c'est la perspective de voir les écoles fermer les unes après les autres dès que trois élèves se mettront à tousser. «Une mesure qui n'aura rien de systématique», a temporisé Roselyne Bachelot, manifestement plus consciente que son collègue de l'Education nationale de la désorganisation économique qu'entraînerait l'application généralisée d'une telle consigne। Les deux ministres n'ont donc sûrement pas fini d'en discuter et la raison l'emportera peut-être, comme en Nouvelle-Calédonie où les directeurs d'école, pourtant confrontés à une moyenne de sept ou huit élèves grippés par classe, ont renoncé depuis plus d'un mois à renvoyer les autres chez eux : cela ne freinait en rien la contagion, bien au contraire, tout en menaçant de paralyser les entreprises et les administrations.
Une décision que personne ne regrette aux antipodes, tant le remède y paraissait pire que le mal. Sur plus de 35 000 grippés (14 % de la population du territoire) recensés depuis la fin juin par les médecins du «réseau Sentinelle» de l'archipel calédonien, en plein hiver austral, on ne déplorait en effet au 25 août que cinq décès, survenus dans différentes tranches d'âge : 8, 27, 30, 42 et 58 ans. Cinq décès sur 35 000 grippés, soit beaucoup moins que le taux de létalité d'une grippe saisonnière «normale», qui tue chaque année en moyenne 1 Français contaminé sur 1000, en dépit du taux de vaccination très élevé (69 %) de ses victimes favorites : les plus de 65 ans. On ne fait d'ailleurs que commencer à y voir un peu plus clair sur cette question clé du taux de mortalité de la grippe A/H1N1, première pandémie grippale depuis plus de quarante ans. Mais ce n'est pas grâce aux statistiques officielles : celles de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la planète, du Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) pour l'Europe, et de l'Institut national de veille sanitaire (INVS) pour la France ne recensent en effet que les cas les plus graves et les plus inquiétants, mais pas les autres indicateurs de la grippe (nombre de consultations, certificats médicaux, prescription d'antiviraux...) que les médecins leur signalent pourtant.